Une « continuité poétique » organisée par les élèves pour oublier le confinement. Une réitération de l’aventure du Décaméron de Boccace, où des amis choisis, tenus à l’écart de Florence par la peste, s’étaient confinés dans d’agréables demeures sur les hauteurs de Fiesole afin d’échanger des propos raffinés et de cultiver ensemble les Muses. Cet événement est présenté ci-dessous par l’une des deux étudiantes en Lettres de l’EPP qui en ont pris l’initiative.

 

20 mars 2020. Deux étudiantes de l’École Professorale, à des centaines de kilomètres l’une de l’autre, échangent quelques mots au téléphone, leurs premiers partagés ensemble depuis que chacun doit rester chez soi, sans plus en sortir. Elles constatent que tout va bien, qu’elles sont saines et sauves, et que le retour au nid familial depuis quelques jours est bienvenu. Mais… Mais quelque chose laisse cependant un goût amer. « Ce sont les voix. Les voix de nos camarades, de nos professeurs, de ceux avec qui nous échangeons au détour d’un couloir : quand pourrons-nous à nouveau les entendre ? » Les voix manquent, la voix qui apprend, celle qui réconforte, celle qui amuse.

Une bouteille est alors jetée à la mer : tous les étudiants et les professeurs de l’École reçoivent, dans leur boîte aux lettres virtuelle, une invitation à écouter les voix des autres le temps d’une soirée. Et quoi de mieux, pour entendre la voix de l’autre, que de la faire sonner pour la littérature ?

Commence alors une merveilleuse aventure humaine : dès le premier rendez-vous, et lors de tous ceux qui suivront, pendant quinze semaines, des élèves et des professeurs de l’École se retrouveront pour partager ensemble des poèmes et extraits choisis, de vive voix. Littéraires, philosophes, historiens, économistes, sociologues et mathématiciens, chacun vient apporter un peu de lui-même en choisissant d’offrir aux autres un morceau de roman ou de poésie. Cela est d’autant plus touchant lorsque ce sont leurs propres pièces que les poètes partagent ! Et autour de la littérature viennent se greffer toutes les autres possibilités que donne la voix : débats, anecdotes, discussions, chanson. Chaque poète rend le rendez-vous unique, et chaque rendez-vous est l’occasion d’apprendre, sur la littérature, sur les autres qui se livrent, sur soi. Tout autant de morceaux de convivialité précieuse lorsque l’on est contraint à l’autarcie.

Désormais en pause le temps des vacances estivales, la continuité poétique n’a peut-être pas dit son dernier mot : puisque les idées donnent naissance à d’autres idées, peut-être l’équipe des poètes de l’École Professorale de Paris organisera-t-elle, lorsque nous pourrons nous retrouver, de nouvelles séances de poésie, un club de lecture, de nouveaux rendez-vous de convivialité et de partage autour d’une passion commune, la littérature. Qui sait ?

Merci infiniment à tous les poètes et les poétesses de l’École Professorale, qu’ils aient été ponctuels ou fidèles au rendez-vous, ils ont contribué à rendre le confinement plus doux et les lundis après-midis plus attendus. Très bonnes vacances à vous tous !

 

Sarah Mariez

 


LES ŒUVRES PARTAGÉES

 

Voici un aperçu des poésies (et autres textes littéraires) qui ont été lus et informellement commentés lors des séances de « continuité poétique » auxquelles ont participé, de mars à juin 2020, les élèves et professeurs de l’École professorale de Paris. Le charme de l’aventure est qu’il ne s’agit pas d’exécuter un programme scolaire (personne n’a fait de liste a priori) mais simplement de partager, contempler et savourer. Chacun apporte ce qu’il trouve beau et que, pour cette raison même, il croit que les autres trouveront beau aussi, conformément à la très juste définition du Beau proposée par Kant : ce qui plaît universellement sans concept  (liste non-exhaustive).

 

23 mars

Jean de la Fontaine, Le lion amoureux (« Sévigné, de qui les attraits Servent aux Grâces de modèle, Et qui naquîtes toute belle, A votre indifférence près, Pourriez-vous être favorable Aux jeux innocents d’une fable…).
Gérard de Nerval, El Desdichado (« Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé Le prince d’Aquitaine à la tour abolie Ma seule étoile est morte Et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie… »).
Myrtho (« Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse, Au Pausilippe altier, de mille feux brillant, À ton front inondé des clartés d’Orient, Aux raisins noirs mêlés avec l’or de ta tresse… »).
Psaume 103 (« Bénis le Seigneur ô mon âme… Tu as pour manteau la lumière. Comme une tenture, tu déploies les cieux. Tu élèves dans leurs eaux tes demeures. Des nuées, tu te fais un char, tu t’avances sur les ailes du vent. Tu prends les vents pour messagers, pour serviteurs, les flammes des éclairs… »).
Boris Vian, Je voudrais pas crever « Je voudrais pas crever Avant d’avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques… ».
Paul Verlaine, Il pleure dans mon cœur (« Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur… »)
Jean Racine, Bérénice, Acte I, Scène 2, tirade d’Antiochus (« Au moins souvenez-vous que je cède à vos lois, Et que vous m’écoutez pour la dernière fois. Si, dans ce haut degré de gloire et de puissance, Il vous souvient des lieux où vous prîtes naissance, Madame… »).

 

30 mars

Marceline Desbordes-Valmore, Les Roses de Saadi (« J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir… »)
Maylis de Kerangal, Réparer les vivants (« Ce qu’est le cœur de Simon Limbres, ce cœur humain, depuis que sa cadence s’est accélérée à l’instant de la naissance quand d’autres cœurs… »)
Louise Labé, Sonnets (« Je vis, je meurs, je me brûle et me noie J’ai chaud extrême en endurant froidure La vie m’est et trop molle et trop dure J’ai grands ennuis entremêlés de joie…. »
Honoré de Balzac, une page d’Illusions perdues : « L’air étonné de Lucien dénotait une si complète ignorance de l’état des choses dans la république des lettres, que Lousteau jugea nécessaire de l’éclairer. — Mon cher, vous arrivez au milieu d’une bataille acharnée… »).
Jacques Prévert, Le temps perdu (« Devant la porte de l’usine Le travailleur soudain s’arrête Le beau temps l’a tiré par la veste Et comme il se retourne et regarde le soleil Tout rouge tout rond Souriant dans son ciel de plomb Il cligne de l’œil familièrement… ».
Gérard de Nerval, Fantaisie (« Il est un air pour qui je donnerais Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber. Un air très vieux, languissant et funèbre Qui pour moi seul a des charmes secrets… »).
Edmond Rostand, une tirade de Cyrano de Bergerac : « Et que faudrait-il faire ? Chercher un protecteur puissant, prendre un patron, Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce, Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ? Non, merci… »
Marie Noëlle, Les Chansons (« Connais-moi si tu peux, ô passant, connais-moi ! Je suis ce que tu crois et suis tout le contraire La poussière sans nom que ton pied foule à terre Et l’étoile sans nom qui peut guider ta foi… » »
Arthur Rimbaud, Roman (« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants, On va sous les tilleuls verts de la promenade… »).
Arthur Rimbaud, Illuminations, Aube (« J’ai embrassé l’aube d’été. Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit… »
Claude Terreaux, Ce matin mon âne (voir ci-dessous).
Guillaume Apollinaire, AlcoolsL’Adieu (« J’ai cueilli ce brin de bruyère L’automne est morte souviens-t’en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t’attends… »
Virgile, Première Bucolique (Tityre, tu patulæ recubans sub tegmine fagi, Silvestrem tenui musam meditaris avena… Toi, Tityre, étendu sous le couvert d’un large hêtre, tu essaies un air sylvestre sur un mince pipeau…)

 

6 avril

Leïla Slimani, Journal du confinement (« L’expérience du confinement, de l’enfermement, de l’immobilité fait partie de l’histoire des femmes… »).
Dostoïevski, une page de Crime et châtiment  : « Où ai-je lu, pensa Raskolnikov en s’éloignant, qu’un condamné à mort disait, une heure avant son supplice, que s’il lui fallait vivre sur quelque cime, sur une roche escarpée… il préférerait encore cette vie à la mort ? Vivre, vivre seulement, vivre n’importe comment, mais vivre… Que c’est donc vrai, Seigneur, que c’est donc vrai ! L’homme est un lâche… et lâche est celui qui lui reproche cette lâcheté…»
Boileau, L’Art poétique, chant III (« Le secret est d’abord de plaire et de toucher Inventez des ressorts qui puissent m’attacher Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée… »)
Paul Claudel, un passage du Soulier de satin.
Claude Simon, un passage de La Route des Flandres : « Des fantômes sanglés et bottés gesticulaient d’une façon saccadée comme s’ils avaient été mus non par leurs cerveaux de soudards brutaux et idiots mais par quelque inexorable mécanisme qui les forçait à s’agiter, discourir, menacer et parader.. »
Marie (jeune poétesse contemporaine, encore anonyme…), Paris Lumière (« Dans l’ombre d’une rue en Paris ténébreux J’ai croisé un fantôme aux longues manches noires Ma lanterne tremblait il a posé ses yeux Sur ma vie de néant et mon esprit hagard… »).
Stéphane Mallarmé, Brise marine (« La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !… »).
José Maria de Heredia, Les Conquérants (« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal… »).
Psaume 8 (« Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! […] Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?… »).
Charles Baudelaire, Harmonie du soir (« Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir… »).
Sully Prudhomme, Le meilleur moment des amours (« Le meilleur moment des amours N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. » Il est dans le silence même À demi rompu tous les jours… »
Pline le Jeune, Lettre VI à Tacite sur l’éruption du Vésuve (« Peu de temps après, la nuée descendait sur la terre, couvrait la mer : elle avait enveloppé et dérobé Caprée, caché la pointe qui s’avance à Misène… »)

 

13 avril

Guillaume Apollinaire, Mai (« Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Des dames regardaient du haut de la montagne Vous êtes si jolies mais la barque s’éloigne… »
Victor Hugo,  Printemps (« Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire… »)
Paul Claudel, La fleur bleue (« Toute pure comme le ciel, Brûlante comme le feu, Aérienne et réelle, Quel nom te donner pour modèle, Énorme torche bleue ?… »).
Charles d’Orléans, RondeauxLe Printemps (« Le temps a laissé son manteau de vent, de froidure et de pluye, Et s’est vestu de brouderie… Il n’y a bête, ni oiseau Qu’en son langage ne chante ou crie Le temps a laissé son manteau De vent de froidure et de pluie »…)
Victor Hugo, Les ChâtimentsNox (« Où sont-ils ? Sur les quais, dans les cours, sous les ponts, Dans l’égout, dont Maupas fait lever les tampons, Dans la fosse commune affreusement accrue, Sur le trottoir, au coin des portes, dans la rue, Pêle-mêle entassés, partout »).
Victor Hugo, Toute la lyreLe printemps («Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire ! Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire, Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis ! Les peupliers, au bord des fleuves endormis, Se courbent mollement comme de grandes palmes…»).
Louis AragonLes trois Pâques de l’année (« À la première Pâque il fleurit des lilas
La terre est toute verte oublieuse d’hiver Tout le ciel est dans l’herbe et se voit à l’envers À la première Pâque…»).
Charles Péguy, Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc (« S’il faut donc, pour sauver de la flamme éternelle Les corps des morts damnés s’affolant de souffrance, Laisser longtemps mon corps à la souffrance humaine, Mon Dieu, gardez mon corps à la souffrance humaine… — Taisez-vous, ma sœur : vous avez blasphémé…»).

 

20 avril

Jean de la Fontaine, Le lion et le rat (« On a souvent besoin d’un plus petit que soi… »), récité par cœur par un enfant de huit ans.
Charles Baudelaire, L’Invitation au voyage, récité par cœur par une enfant de onze ans.
Marceline Desbordes-Valmore, L’âme errante (« Je suis la prière qui passe Sur la terre où rien n’est à moi Je suis le ramier dans l’espace, Amour, où je cherche après toi…»)
John Donne, For whom the bell tolls (“No man is an island, Entire of itself. Each is a piece of the continent, A part of the main… Therefore, send not to know For whom the bell tolls. It tolls for thee”).
Marie de France, Le lai du chèvrefeuille (« Il me plaît assez, et je veux bien, À propos du lai qu’on nomme Chèvrefeuille, Vous en dire la vérité… »)
Jules Laforgue, Trop tard (« Ah que n’ai-je vécu dans ces temps d’innocence, Lendemain de l’An mil, où l’on croyait encore Où Fiesole peignait loin des bruits de Florence Ses anges délicats souriants sur fond d’or… »
Jean de la Ville de Mirmont, L’Horizon chimérique (« Vaisseaux, nous vous aurons aimés en pure perte Le dernier de vous tous est parti sur la mer… »).
Huysmans, une page d’À rebours (« Il était depuis longtemps expert aux sincérités et aux faux-fuyants des tons. Jadis, alors qu’il recevait chez lui des femmes, il avait composé un boudoir où, au milieu des petits meubles sculptés dans le pâle camphrier du Japon, sous une espèce de tente en satin rose des Indes… »)
Antoine Pol, Les passantes (« Je veux dédier ce poème A toutes les femmes qu’on aime Pendant quelques instants secrets… »)

 

27 avril

Charles Baudelaire, Parfum exotique (« Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d’automne, Je respire l’odeur de ton sein chaleureux… »).

Lou-Eve Ory, jeune poétesse, Les lumières enragées (« Les lumières enragées vident quatre bouillonnantes pensées Sur les ongles de la mer ils prennent le temps de traverser la lumière mouillée des bulles pour reprendre verts leurs esprits et annule-ront de noires nénies le naufrage hululant… ».
Saint-John-Perse, Images à Crusoé (« L’ardoise couvre leurs toitures, ou bien la tuile où végètent les mousses. Leur haleine se déverse par le canal des cheminées. Graisses !… »)
Leconte de Lisle, Le Manchy (« Sous un nuage frais de claire mousseline, Tous les dimanches au matin, Tu venais à la ville en manchy de rotin, Par les rampes de la colline… »)
Jules Verne, une page de Deux ans de vacances.
Charles Baudelaire, Un voyage à Cythère (« Mon cœur, comme un oiseau, voltigeait tout joyeux Et planait librement à l’entour des cordages ; Le navire roulait sous un ciel sans nuages, Comme un ange enivré d’un soleil radieux… »)
Robert Brasillach, Comme le temps passe (« Ce que j’ai voulu écrire, c’est le roman de la jeunesse qui fuit et qui renaît tour à tour, en même temps que celui de deux êtres qui peuvent se chercher, se perdre, se retrouver, sans jamais cesser d’être faits l’un pour l’autre… »).
Paul-Jean Toulet, Douce plage où naquit mon âme (« Douce plage où naquit mon âme ; Et toi, savane en fleurs Que l’Océan trempe de pleurs Et le soleil de flamme… »)
Francis Jammes, C’est aujourd’hui (« C’est aujourd’hui la fête de Virginie Tu étais nue sous ta robe de mousseline, Tu mangeais de gros fruits au goût de Mozambique Et la mer salée couvrait les crabes creux et gris… »)

 

4 mai – La forêt  

Paul Verlaine, Dans les bois  (« D’autres, – des innocents ou bien des lymphatiques, – Ne trouvent dans les bois que charmes langoureux, Souffles frais et parfums tièdes. Ils sont heureux ! D’autres s’y sentent pris – rêveurs – d’effrois mystiques. Ils sont heureux ! Pour moi… Par les forêts je tremble à la façon d’un lâche… »

François-René de Chateaubriand, La forêt (« Forêt silencieuse, aimable solitude, Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré ! Dans vos sombres détours, en rêvant égaré, J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude… »)

Julien Gracq, extrait d’Un balcon en forêt.

 

18 mai – La nourriture

Abdellatif Lâabi, Grève de la faim  (« Parlons d’ailleurs de cette grève de la faim C’est une forme de lutte Que les hommes de ma condition Ont expérimentée au cours de la longue histoire Des mutilations… »)

Marcel Proust, un extrait de Du côté de chez Swann

 

25 mai – Poètes du club (voir ci-dessous)

 

1er juin – L’enfance

Charles Péguy, un extrait de L’argent.

Marie Noël, Petit-Jour  (« j’ai vu çà et là sourdre de l’ombre la première lueur, la première fleur, la première sente, le premier monde, toute la nouveauté frémissante de la première vie dans la pâleur indécise et la brume frêle du Petit-Jour….»

Victor Hugo, La rose et l’infante (« Elle est toute petite ; une duègne la garde. Elle tient à la main une rose et regarde. Quoi ? que regarde-t-elle ? Elle ne sait pas… »).

Gérard de Nerval, L’enfance (« Qu’ils étaient doux ces jours de mon enfance Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,  Je coulai ma douce existence,  Sans songer au lendemain… »

Benoît Rittaud, sonnet (voir ci-dessous).

Lou-Eve Ory, un extrait de Horatio (voir ci-dessous)

 

8 juin – Les animaux

Claude Terreaux, En contrebas du sentier : (« En contrebas du sentier, Qui monte vers les étoiles. La brume accroche aux rochers, Les vestiges de ses voiles… ») Voir ci-dessous.

Maurice Carême, L’écureuil et la feuille (« Un écureuil, sur la bruyère, Se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, Doucement portée par le vent… »)

Jean de Léry, un extrait de l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil

Charles Baudelaire, L’albatros (« Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers… »)

Charles Baudelaire, Les chats (« Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires… »)

Alphonse de Lamartine, Le lézard  (« Un lézard dormait sur la ligne Où brillait le nom des Césars. Seul héritier des sept collines, Seul habitant de ces débris, Il remplaçait sous ces ruines Le grand flot des peuples taris… »)

Guillaume Apollinaire, Orphée (« Du Thrace magique, ô délire ! Mes doigts sûrs font sonner la lyre. Les animaux passent aux sons De ma tortue, de mes chansons… »)

 

 

15 juin – La nuit

 

Jules Renard, extraits des Histoires naturelles.

Paul Verlaine, La lune blanche  (« La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée Ô bien-aimée… »)

Sarah Mariez, La dernière nuit de Constantinople (voir ci-dessous)

Julien Gracq, une page du Rivage des Syrtes

 

22 juin – Le jour

 

Anna de Noailles, Le Cœur innombrable (« Ô lumineux matin, jeunesse des journées, Matin d’or, bourdonnant et vif comme un frelon… »

Anna de Noailles, La journée heureuse (« Voici que je défaille et tremble de vous voir,  Bel été qui venez jouer et vous asseoir  Dans le jardin feuillu, sous l’arbre et la tonnelle… »

Alphonse de Lamartine, Le lever du jour  (« L’Orient jaillit comme un fleuve, La lumière coule à long flot, La terre lui sourit… »

 

29 juin- La mer

 

José Maria de Heredia, Mer Montante (« Le soleil semble un phare à feux fixes et blancs.  Du Raz jusqu’à Penmarc’h la côte entière fume,  Et seuls, contre le vent qui rebrousse leur plume,  À travers la tempête errent les goëlands… »)

Alessandro Baricco, Incipit d’Océan Me (« Il y a bien longtemps de cela, au milieu d’un océan, une frégate de la marine française fit naufrage. Cent quarante-sept hommes tentèrent d’en réchapper en prenant place sur un radeau… »)

 

 


LES POÈTES DU CLUB

 

 

 

 

 

Rideau de fin (du premier acte ?)

 

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