Séance du 4 décembre 2019

« QUE PEUT (ENCORE) LA LITTÉRATURE AU XXIe SIÈCLE ? »

avec MM. Hubert AUPETIT, professeur de khâgne au lycée Louis-le-Grand, Alain LANAVÈRE, ancien Maître de Conférences à l’université de Paris-Sorbonne, et Mme Laurence PLAZENET, Professeur à l’université de Clermont-Auvergne.

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Pour un argumentaire de la séance « Que peut (encore) la littérature au XXIe siècle ? », cliquer ICI

Interventions du 4 décembre :

Alain Lanavère

 

Laurence Plazenet

 

Hubert Aupetit :

 

Deux élèves de l’École professorale :

 

La question est si vaste qu’elle n’a pu être qu’esquissée par les trois conférences et lors du débat. Il est vrai qu’il y a une crise de la littérature contemporaine, du moins en France. Il est vrai aussi que les jeunes ont été victimes de la politique scolaire de ces dernières décennies qui les a privés du contact précoce avec la grande littérature qu’avaient leurs aînés, précocité indispensable à toute formation intellectuelle approfondie. Il est vrai encore que d’autres formes d’expression sont apparues qui concurrencent désormais la littérature écrite, comme le cinéma et l’audiovisuel en général ; elles utilisent moins le Verbe, elles en ont donc une moindre maîtrise et ne peuvent exploiter tous ses pouvoirs, à commencer par sa force poétique. Mais enfin, pas de pessimisme inconsidéré ! Les livres demeurent, le patrimoine littéraire de l’humanité nous est même désormais plus accessible que jamais. Nos élèves sont aussi avides que l’ont été leurs maîtres de découvrir, dans les chefs-d’œuvre de la littérature, l’humanité en ses dimensions individuelles, sociales et historiques, avec ses tragédies, ses grandeurs, et surtout son inépuisable pluralité. Chaque œuvre littéraire révèle en effet une âme unique qui, comme l’analyse Proust, voit le monde d’une façon elle aussi unique ; elle donne à voir le monde sous cet angle, de sorte qu’elle nous fait accéder à des univers que, sans elle, nous n’aurions jamais connus. Grâce à la littérature, le monde, et d’abord l’humanité, sont, pour nous, surmultipliés. La littérature – comme d’ailleurs les autres grands arts – nous apprend  qu’une infinité d’autres mondes sont possibles que ceux que représentent les systèmes idéologiques ; elle nous montre qu’il existe autant de mondes qu’il y a d’hommes libres. La littérature est, en ce sens, une irremplaçable école de liberté ; elle est l’antidote absolu du totalitarisme, comme l’a fortement marqué Orwell. L’intérêt pour la littérature peut donc faiblir provisoirement, ou se manifester selon des modalités nouvelles, éventuellement déroutantes ; mais on ne voit pas comment il pourrait disparaître dans son principe, surtout dans un pays comme la France où est née une des toutes premières littératures mondiales. Que nos élèves sachent donc qu’en faisant des études littéraires assidues, aussi érudites et complètes que possible, sans concession aux modes, acquérant ainsi des savoirs, des goûts et des passions qu’ils pourront un jour transmettre à leurs propres élèves, ils se préparent à jouer un rôle crucial dans le maintien d’une civilisation humaniste.

 

 

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